« Notre tracteur roule au biométhane »
Faire tourner un moteur thermique avec du biogaz, quoi de plus logique pour Bertrand Guérin ? Ce polyculteur-éleveur et arboriculteur de Dordogne est également à la tête d’une unité de méthanisation en cogénération, en fonction depuis 2011. Quand ce touche-à-tout a découvert les solutions pour produire son propre bioGNV (biométhane) et l’arrivée de véhicules adaptés, il a sauté le pas.
« L’idée m’a tout de suite plu »
« Alimenter nos véhicules avec du biométhane produit sur la ferme : l’idée m’a tout de suite plu », reconnaît l’agriculteur. Ce dernier a donc décidé en 2022 d’installer une station-service capable d’épurer et de comprimer son biogaz pour produire du biométhane adapté à l’alimentation de véhicules. Après avoir investi dans des véhicules légers fonctionnant avec ce nouveau carburant, Bertrand est passé à l’étape supérieure en s’attachant les services d’un tracteur au biométhane.
L’agriculteur fait partie des premiers utilisateurs français du T6 Methane Power, développé par New Holland. Ce tracteur, identique au modèle GNR, carbure au bioGNV. Arrivé début 2023 sur l’exploitation, le T6.180 de 160 ch de Bertrand est muni d’une transmission semi-powershift. Il reçoit la réserve de gaz frontale boulonnée au châssis. Il est donc dépourvu de relevage avant mais possède un peu plus de capacité de réservoir et donc d’autonomie.
Autonomie suffisante
« Pour nous, c’est un tracteur en plus dans notre parc, il ne remplace pas un modèle au GNR », confie Bertrand, qui lui a tout de même trouvé un bon nombre d’activités. « Après dix-huit mois, il vient de passer 800 heures. Il a notamment réalisé une grande partie de la fenaison, l’épandage du lisier ou encore du transport. »
Pour ces deux dernières activités, l’autonomie plus faible du tracteur au méthane n’est pas un problème. « On repasse régulièrement sur l’exploitation, donc on peut faire le plein. Ça ne prend pas plus de temps que pour le GNR. Dans le cas de la fenaison, cela dépend de l’utilisation. À l’andaineur, on peut travailler six à sept heures sans problème », confirme l’agriculteur.
Si pour lui l’autonomie est l’un des inconvénients par rapport au GNR, elle n’est donc pas une limite dans son fonctionnement. « Le travail du sol, qui nécessite de la puissance et de l’autonomie, est réalisé avec le matériel de la Cuma », détaille l’exploitant. Il reconnaît au passage qu’il est difficile de chiffrer économiquement cette technologie. « Je ne fais pas ça uniquement pour réaliser des économies. J’ai la volonté et la possibilité d’aller vers une solution plus propre et plus automne en énergie, à laquelle je crois pour mon exploitation. Je me suis donc lancé. »
Un deuxième tracteur
Pour Bertrand, ce tracteur loué mensuellement à New Holland est le premier pas dans cette nouvelle solution, ainsi qu’un test grandeur nature. L’essai semble transformé car l’agriculteur a prévu l’année prochaine de passer à l’achat d’un modèle de puissance équivalente mais dans sa version Dynamic Command, plus haut de gamme. Il devrait être accompagné d’un plus gros modèle, avec l’arrivée d’un T7.270 Methane Power, fraîchement dévoilé par le tractoriste fin 2023.
Ces deux machines rejoindraient la Dordogne courant 2025. « Il ne restera plus qu’un petit tracteur et un télescopique au bioGNV pour être presque indépendant en carburant », plaisante le producteur de biogaz.